Ler: Paixão Eterna

julho 28, 2008

Proust

Combien à mes occupations littéraires plus récentes, j'arrime en relisant Proust, particulièrement "Du côté de chez Swann". La magie de cette oeuvre sucrée et en même temps aussi finement amère m'a emballé les après-midi du dernier été. Proust est un de ces auteurs qui ne s'appréhendent pas appropriéement dans la première lecture, mais ni restent encore les mêmes dans la seconde lecture ou dans les ultérieurs. C'est comme si toute la maturation de notre vie était une espèce de préparation graduelle pour absorber les textes de Proust avec plus saveur et l'enchantement. Je ne peux pas imaginer un moment dans ma vie où j'aurai absorbé beaucoup de sa inépuisable richesse poétique. Je suis certain que, après mon décès - un instant après m'y avoir donné compte du nouveau monde brumeux où me je trouve - mes yeux seront attaqués par la vision perturbatrice de Proust, en m'indiquant le doigt impitoyablement, en me disant que je suis mort tôt excessivement, que j'ai laissé ce monde avant il pouvait me communiquer toute son message.

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était pas allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi, j’étais libre de m’y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j’entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.

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